27 novembre 2009
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17:55
Vu dans le Progrès
"Depuis un moment, la verte pelouse du stade Mathon est envahie d'une drôle de bestiole. Jaune fluo, tout en plastique, avec quatre antennes plantées sur la tête. Un tee nouvelle génération en fait. Conçu par deux Oyonnaxiens, Francis Fullin et Daniel Cagnacci. Son nom : «Full'in tee».
Sébastien Bouillot l'a adopté. Le buteur de l'US Oyonnax a même grandement participé à son évolution. L'idée est venue de Francis Fullin. Bizarre qu'un ancien talonneur de l'USO et Saint-Claude, époque Nick Mallet, s'intéresse au coup de pied ? « Mais je venais du foot, dit-il. Je voulais jouer ouvreur, mais on m'a mis au talonnage parce que mon oncle jouait à ce poste ».
Ouvreur contrarié, Francis Fullin, 47 ans, s'est depuis mis au golf. Et c'est en tapant des petites balles blanches que l'idée lui est venue. « En fait, je me suis inspiré du brush tee ».
Le brush tee ? Au golf une petite tige chapeautée d'une brosse qui permet de surélever la balle pour les coups de départ.
Il y a un an et demi, le duo Fullin-Cagnacci présente le projet à Sébastien Bouillot et façonne les premiers prototypes. Contrairement aux tees du marché, genre de rondelle de plastique plus ou moins haute, il lui propose plusieurs innovations.
D'abord, il possède une pointe pour s'enfoncer dans le sol, inspiration directe du cousin golfeur. Ensuite, le ballon est surélevé par quatre tiges. Et la hauteur est modulable en coupant les tiges. Le ballon peut être installé plus ou moins haut et plus ou moins incliné.
Dernière évolution, l'engin s'est vu customisé d'une pointe sur l'avant. Un viseur en fait. Simple a priori. Encore fallait-il y penser.
Ancien designer, maquettiste et mouliste aujourd'hui à la retraite, Daniel Cagnacci s'est occupé de la réalisation : « Francis m'a demandé une maquette en me disant : j'ai vu un tee de golf avec des poils, je veux la même chose ». Les premiers essais ne sont pas concluants. La moustache de Cagnacci rigole : « J'ai coupé un balai, mais les poils rigides ne marchaient pas, le ballon se cassait la gueule. Mais on a gardé l'idée de planter le tee en terre ».
Après plusieurs essais, les poils de balai sont finalement remplacés par quatre tiges en plastique. « On a travaillé sur la matière pour que ce soit à la fois résistant et souple ».
Deux moules sont confectionnés à Oyonnax chez « Moules Ferry » : un pour le socle, un autre pour les tiges. L'assemblage est garanti maison. « Je fais le moulage, le montage et l'expédition depuis chez moi à Bellignat », explique Cagnacci. 800 tees sont déjà sortis de son atelier.
Vendredi dernier, la dernière livraison au stade Mathon a eu un joli succès. Avec son carton plein de tees, Daniel Cagnacci avait des allures de Père Noël. Tous les buteurs de l'USO voulaient un tee magique pour leurs petits souliers. Etienne Ninet en a récupéré un et Jean-Maurice Oulouma l'a également testé. Même le jeune pilier international Antoine Tichit réclamait le sien.
À 10 centimètres près, le tee made in Bellignat aurait pu connaître un fameux coup de pub. 10 centimètres, comme ceux qui ont manqué au dernier but de Sébastien Bouillot pour battre Albi lors de la dernière finale de Pro D2 et monter en Top 14. Une finale pour laquelle des tees tout neufs avaient été fabriqués dans l'urgence. « Deux jours avant, j'ai cassé les miens à l'entraînement, raconte Bouillot. Daniel m'en a refait dans la nuit et m'a rajouté le viseur ».
Aujourd'hui, les inventeurs comptent commercialiser leur bébé. « On a créé une société, Parabowl. On a aussi déposé les brevets en France et c'est en cours à l'international », explique Francis Fullin qui espère exporter sa trouvaille. « On a déjà des contacts. On reçoit bientôt Karl Botha, un ancien joueur sud-africain de l'USO, qui devrait nous ouvrir quelques portes ». Manière d'envahir d'autres terrains.
Ludovic Alain
Bouillot, buteur-essayeur
C'est un peu le buteur-essayeur. Contacté dès le lancement du projet, Sébastien Bouillot, l'ouvreur oyonnaxien, a façonné ce nouveau tee à sa convenance. « Il y a un an et demi, j'ai rencontré Francis et Daniel qui m'ont présenté leur projet. Je leur ai dit ce qui m'intéressait. Ils ont sorti plusieurs modèles et on est arrivé à ce tee qui me convient parfaitement. Son gros avantage est d'avoir très peu de surface de contact avec le ballon qui est très bien maintenu avec les quatre tiges. On a l'impression que le ballon flotte dans l'air. Comme les tiges sont hautes, même si on peut régler la hauteur, ça nécessite une frappe de l'intérieur du pied, pas fauchée. Il y a aussi un meilleur maintien au sol, le tee ne bouge pas au moment de la frappe. Ça apporte plus de précision et une meilleure qualité de frappe. Quand on frappe, rien ne gène. À l'origine, c'était un rond avec quatre tiges. Dans un souci de repères par rapport aux perches, j'ai demandé une sorte de viseur. Je règle l'angle et ensuite je pose le ballon toujours pareil ».
Aujourd'hui, le produit ne devrait plus guère évoluer. « On peut encore travailler la matière en elle-même au niveau des tiges. Il faut qu'elles soient à la fois souples et rigides. Mais là on a trouvé un bon compromis, elles ne cassent plus ».
Dans un grand sourire, Sébastien Bouillot évoque quand même un dernier souhait : « Je vais demander à changer la couleur. Fluo c'est pas trop mon truc, je préfère en noir et rouge ».
"Depuis un moment, la verte pelouse du stade Mathon est envahie d'une drôle de bestiole. Jaune fluo, tout en plastique, avec quatre antennes plantées sur la tête. Un tee nouvelle génération en fait. Conçu par deux Oyonnaxiens, Francis Fullin et Daniel Cagnacci. Son nom : «Full'in tee».

Sébastien Bouillot l'a adopté. Le buteur de l'US Oyonnax a même grandement participé à son évolution. L'idée est venue de Francis Fullin. Bizarre qu'un ancien talonneur de l'USO et Saint-Claude, époque Nick Mallet, s'intéresse au coup de pied ? « Mais je venais du foot, dit-il. Je voulais jouer ouvreur, mais on m'a mis au talonnage parce que mon oncle jouait à ce poste ».
Ouvreur contrarié, Francis Fullin, 47 ans, s'est depuis mis au golf. Et c'est en tapant des petites balles blanches que l'idée lui est venue. « En fait, je me suis inspiré du brush tee ».
Le brush tee ? Au golf une petite tige chapeautée d'une brosse qui permet de surélever la balle pour les coups de départ.
Il y a un an et demi, le duo Fullin-Cagnacci présente le projet à Sébastien Bouillot et façonne les premiers prototypes. Contrairement aux tees du marché, genre de rondelle de plastique plus ou moins haute, il lui propose plusieurs innovations.
D'abord, il possède une pointe pour s'enfoncer dans le sol, inspiration directe du cousin golfeur. Ensuite, le ballon est surélevé par quatre tiges. Et la hauteur est modulable en coupant les tiges. Le ballon peut être installé plus ou moins haut et plus ou moins incliné.
Dernière évolution, l'engin s'est vu customisé d'une pointe sur l'avant. Un viseur en fait. Simple a priori. Encore fallait-il y penser.
Ancien designer, maquettiste et mouliste aujourd'hui à la retraite, Daniel Cagnacci s'est occupé de la réalisation : « Francis m'a demandé une maquette en me disant : j'ai vu un tee de golf avec des poils, je veux la même chose ». Les premiers essais ne sont pas concluants. La moustache de Cagnacci rigole : « J'ai coupé un balai, mais les poils rigides ne marchaient pas, le ballon se cassait la gueule. Mais on a gardé l'idée de planter le tee en terre ».
Après plusieurs essais, les poils de balai sont finalement remplacés par quatre tiges en plastique. « On a travaillé sur la matière pour que ce soit à la fois résistant et souple ».
Deux moules sont confectionnés à Oyonnax chez « Moules Ferry » : un pour le socle, un autre pour les tiges. L'assemblage est garanti maison. « Je fais le moulage, le montage et l'expédition depuis chez moi à Bellignat », explique Cagnacci. 800 tees sont déjà sortis de son atelier.
Vendredi dernier, la dernière livraison au stade Mathon a eu un joli succès. Avec son carton plein de tees, Daniel Cagnacci avait des allures de Père Noël. Tous les buteurs de l'USO voulaient un tee magique pour leurs petits souliers. Etienne Ninet en a récupéré un et Jean-Maurice Oulouma l'a également testé. Même le jeune pilier international Antoine Tichit réclamait le sien.
À 10 centimètres près, le tee made in Bellignat aurait pu connaître un fameux coup de pub. 10 centimètres, comme ceux qui ont manqué au dernier but de Sébastien Bouillot pour battre Albi lors de la dernière finale de Pro D2 et monter en Top 14. Une finale pour laquelle des tees tout neufs avaient été fabriqués dans l'urgence. « Deux jours avant, j'ai cassé les miens à l'entraînement, raconte Bouillot. Daniel m'en a refait dans la nuit et m'a rajouté le viseur ».
Aujourd'hui, les inventeurs comptent commercialiser leur bébé. « On a créé une société, Parabowl. On a aussi déposé les brevets en France et c'est en cours à l'international », explique Francis Fullin qui espère exporter sa trouvaille. « On a déjà des contacts. On reçoit bientôt Karl Botha, un ancien joueur sud-africain de l'USO, qui devrait nous ouvrir quelques portes ». Manière d'envahir d'autres terrains.
Ludovic Alain
Bouillot, buteur-essayeur
C'est un peu le buteur-essayeur. Contacté dès le lancement du projet, Sébastien Bouillot, l'ouvreur oyonnaxien, a façonné ce nouveau tee à sa convenance. « Il y a un an et demi, j'ai rencontré Francis et Daniel qui m'ont présenté leur projet. Je leur ai dit ce qui m'intéressait. Ils ont sorti plusieurs modèles et on est arrivé à ce tee qui me convient parfaitement. Son gros avantage est d'avoir très peu de surface de contact avec le ballon qui est très bien maintenu avec les quatre tiges. On a l'impression que le ballon flotte dans l'air. Comme les tiges sont hautes, même si on peut régler la hauteur, ça nécessite une frappe de l'intérieur du pied, pas fauchée. Il y a aussi un meilleur maintien au sol, le tee ne bouge pas au moment de la frappe. Ça apporte plus de précision et une meilleure qualité de frappe. Quand on frappe, rien ne gène. À l'origine, c'était un rond avec quatre tiges. Dans un souci de repères par rapport aux perches, j'ai demandé une sorte de viseur. Je règle l'angle et ensuite je pose le ballon toujours pareil ».
Aujourd'hui, le produit ne devrait plus guère évoluer. « On peut encore travailler la matière en elle-même au niveau des tiges. Il faut qu'elles soient à la fois souples et rigides. Mais là on a trouvé un bon compromis, elles ne cassent plus ».
Dans un grand sourire, Sébastien Bouillot évoque quand même un dernier souhait : « Je vais demander à changer la couleur. Fluo c'est pas trop mon truc, je préfère en noir et rouge ».